You know you hate me {libre

La tombée de la nuit, moment de prédilection pour chaque vampire. Quoi que... Aleksandra était du genre à chasser aussi bien de jour que de nuit. Vous vouliez pas non plus qu'elle s'arrête le jour de Noël pour faire une bonne action ? Si certains auraient dit à cela : Imprudente ! Elle aurait sans aucun doute liquidé cette personne pour lui apprendre ce que c'était vraiment que l'imprudence. Etre imprudent, c'est la provoquer. Quand on est le plus grand prédateur que la terre ait jamais connu, il n'y ait rien qui ne soit "imprudent". Voilà la façon dont pensait Aleksandra, et entre nous, sa confiance en elle était sans nul doute sa plus grande faiblesse puisque se riant toujours du danger, elle sous-estimait tout : Vous, moi, les chasseurs, les autres de sa race, la mort. Et les quelques fois où cet aspect de sa personnalité lui avait porté préjudice, elle prenait ça comme une première approche ratée mais qui lui permettait d'en apprendre plus pour gagner lors de la seconde manche. Déjà humaine, elle était ainsi... et ça n'allait certainement pas changer avec l'immortalité.

Cette nuit-là, comme beaucoup d'autres nuits, Aleksandra venait de franchir les portes du Bronze en poussant la porte d'un geste vif pour apparaître dans une robe courte d'un bleu lapi lazuli, des chaussures noirs vernis à haut talons chaussant ses pieds et allongeant on ne peut plus ses jambes. Ses boucles noirs retombaient de façon intact le long de ses épaules tandis que marquant une pause, ses yeux scrutèrent la foule avec lenteur et vivacité à la fois, semblant transpercer chaque personne. Elle exprimait sans cesse cette provocation à la limite de l'indécence qui serait clairement apparue ridicule jouée par une humaine. Mais c'était comme si en arrivant, elle faisait apparaître à tous que elle, elle pouvait se le permettre. Et c'est ainsi que commençant à marcher vers le bar, elle pouvait entendre avec plaisir des chuchotements que seule l'ouïe fine d'un vampire pouvait perçevoir. Elle suscitait de la haine, quoi qu'elle fasse, qu'importe où elle allait, on ne pouvait que la haïr. Et aussi étrange que cela puisse paraître, elle adorait cela. S'asseyant sur un tabouret au bar, elle dit immédiatement se fichant éperdumment que le serveur soit dépassé ou non :

" Un Bloody Mary... "

Dès qu'il releva les yeux vers elle, elle lui adressa un sourire en coin. Et fait anodin pour les humains de la salle, le serveur dégageant la même perfection qu'elle lui rendit son sourire. N'y voyez aucun jeu de drague : c'était un sourire entendu entre deux personnes du même monde. Son Bloody Mary à elle était bien plus spécial...

Sa commande servie, elle agitait doucement le liquide rouge avec un agitateur, de façon leste et semblant captivée par ce simple geste. En réalité, elle était concentrée sur tout ce qui se disait, cherchant à déceler avec son ouïe particulière le moindre mot prononcé qui pourrait l'intéresser. Elle n'était pas au Bronze pour se détendre, ni même pour massacrer des adolescents - c'aurait été trop simple ! - mais pour élargir son champ d'informations qui était accessoirement son gagne-pain... et quel gagne-pain !

Aleksandra écoutait tour à tour toutes les conversations, arrêtant parfois son oreille sur l'une d'entre elles qui lui semblait intéressante mais rien. Certains soirs, elle pouvait rentrer bredouille en quel cas elle kidnappait un humain qu'elle torturait pour se faire passer les nerfs... mais quoi qu'il en soit, le Bronze restait l'endroit où on pouvait en apprendre le plus. Une voix plus proche vint alors la déranger mais elle ne leva pas une seule seconde les yeux de son verre, laissant Isaac parler et ne réagissant à aucun moment comme s'il n'était qu'un miséable parasite dont elle n'avait que faire. J'ai dit "comme" ? C'est une erreur. Elle était toujours partagée entre le désir de le rabaisser plus bas que terre et celui de ne rien répondre, sentant que c'était bien étrange qu'il n'ait pas encore chercher à se débarasser d'elle. Voilà ce qui expliquait son silence méprisant mêlant les deux. D'ailleurs, même quand il eut fini de parler, elle ne réagit pas, buvant simplement une première gorgée de sa boisson comme pour lui laisser penser qu'elle était bien partie pour lui faire l'affront de l'ignorer toute une soirée. Mais finalement, une fois le verre reposé, elle se décida à tourner simplement son visage vers lui, un air parfaitement neutre que venait juste briser son regard ô combien méprisant.

" J'agis comme bon me semble. Je ne suis pas l'un de tes toutous répétant tes discours creux sur la superiorité de notre race. La seule honte dont tu devrais te préoccuper est celle qui accompagne tes vaines années de lutte, Reagan. "

Elle affectionnait l'appeler par son nom de famille, ça lui permettait de sans cesse lui rappeler son lien de parenté avec Noah. Un moyen de lui dire qu'elle ne le voyait pas comme Isaac, à la tête d'un clan mais comme le frère d'un ami des humains. Elle se permit même d'appuyer sur ce nom de famille avec un léger sourire amusé, comme soulignant qu'il y avait ici une deuxième honte dont il aurait dû se préoccuper également.

" Et pourquoi es-tu là, toi ? Je doute que ce soit pour la musique... peut-être prendre en chasse une petite adolescente aux hormones bouillonantes. C'est vrai que cela force le respect... "

Elle se permit un simple petit rire cristallin avant de boire une nouvelle gorgée de son Bloody Mary pour reposer le verre une nouvelle fois et agiter doucement son contenu, tout comme si Isaac n'était jamais intervenu. Ca l'arrangeait assez qu'il s'arrête seulement sur la boisson qu'elle avait à la main puisque si elle était là, c'était avant tout pour trouver des informations, notamment sur son clan. Bien sûr, elle aurait pû lui parler pour en obtenir mais elle ne le sous-estimait pas encore à ce point-là.

Il n'avait rien répondu à ses remarques qui l'avaient laissé parfaitement insensible. Tant pis, rabaisser celui qu'on appelait le plus grand prédateur de l'Etat était tout de même une chose marrante. Il préfèrait répondre en la visant directement, ce qui n'avait d'ailleurs pas plus d'effet. Quel beau dialogue ! Mais elle dut bien reconnaître qu'elle pensa un moment qu'il l'avait cernée, elle n'était pas un pion, elle n'était celui de personne. De tout le monde ? Elle ne voyait pas les choses ainsi ou alors les joueurs d'échec la déplaçant un jour étaient des pions qu'elle sacrifiait le lendemain. Elle avait tout ce qu'elle voulait, alors si elle était sur un échiquier, elle voulait bien garder cette place qui lui convenait à merveille. Elle ne le regardait de nouveau pas, buvant de temps en temps son Bloody Mary mais elle le guettait tout de même du coin de l'oeil. Elle sourit même à la remarque concernant ses atouts, le devinant la regarder sans aucun intérêt. Comme si cela avait pu ébranler la confiance qu'elle avait en elle... soyons sérieux une minute, c'était impossible.

Mais tandis qu'elle l'entendait parler, elle se demandait s'il avait une moindre idée de ce que le mot "indépendance" signifiait, s'il connaissait les joies de la solitude, la satisfaction de ne devoir compter que sur soi. Elle était tout à elle toute seule et lui, honnêtement, elle ne donnait pas cher de ce qu'il serait sans son petit clan de puristes d'une autre époque ! Ils voulaient dominer ouvertement les humains, ce n'était pas son cas à elle... elle préfèrait jouer avec eux. C'est ainsi qu'elle n'aurait jamais pû appartenir à l'un des deux clans. Elle se fichait bien des intérêts de sa race et voulait continuer à agir pour elle-même.

Et voilà qu'il réussisait même à la faire doucement rire en osant évoquer la facilité ! Elle n'y pouvait rien après tout, si elle était tellement puissante qu'il n'y ait rien qui soit difficile pour elle. Finissant son verre tandis qu'il repartait, elle avait déjà tout un plan bien en tête. Car de tous les habitués du Bronze en cette soirée, il était celui qui disposait le plus d'informations. Elle le suivit simplement du regard jusqu'à ce qu'il se rasseoit et attendit simplement de croiser son regard pour tenter une autre approche afin de le transporter dans un monde dont elle était la reine. Vous l'aurez compris, elle avait dans l'idée d'entrer dans son esprit.

[hj : je te laisse dire si ça fonctionne ou pas.^^ Ptdrr, je sais même pas ce que j'ai prévu de faire =P]

Aleksandra aimait assez son don, c'était pourtant loin d'être ce qui apparaissait comme une arme offensive... quoi que : bien utilisé et dans des circonstances pas si rares, son don pouvait se réléver être très utile. Mais elle ne s'en servait pas simplement pour avoir le dessus sur l'autre. Bien loin d'elle cette simple idée... elle s'en servait surtout pour s'amuser. Et avec le temps, elle en avait une grande maîtrise même si elle n'avait cesse de repousser les limites toujours plus loin. Alors qu'elle avait fixé Isaac, elle avait été surprise de se heurter à une légère résistance. Ce n'était pas assez pour l'empêcher de s'imiscer dans son esprit mais c'était assez puissant pour que cela ne se fasse pas discrétement. Et cela, elle devait bien admettre qu'elle ne s'y était pas attendue une seule seconde. Rares étaient les personnes dont la force d'esprit était assez puissante pour qu'elles se rendent compte du jeu qu'elle jouait. Mais elle ne s'attarda pas là-dessus. Elle n'avait de toute manière rien projetté, se permettant d'agir sur des coups de tête que seul son instinct lui dictait.

Elle sourit légèrement, le lieu était bondé et elle ne comptait pas se rendre vulnérable en un endroit comme le Bronze. Ce fut pourquoi, elle préfèra opter pour de douces illusions. Cela lui évitait de perdre le contrôle d'elle-même. Ainsi, plongée dans ce monde qui était en tout point comparable à la réalité, elle agit simplement en faisant cesser la musique, les discussions, chaque bruit afin d'être plongé dans le plus complet des silences pour simplement lui donner l'impression d'avancer jusqu'à lui alors qu'en réalité, rien de cela n'était en train de se produire et lui-même le savait parfaitement. Mais l'illusion était parfaite et il était difficile de ne pas se prendre au jeu, elle était la seule qui pouvait réellement ne pas s'y perdre. Elle s'approcha finalement de lui sans rien dire et s'assit simplement à côté de lui en ne l'ayant pas un seul instant quitter des yeux. Elle détourna finalement son regard du sien pour regarder sa main blanche qui tenait maintenant un poignard avec une magnifique lame d'argent. Semblant prise dans cette contemplation, elle parla enfin :

" Tu ne crains ni la douleur, ni la mort. "

D'un geste extrêmement rapide, plus même que celui d'un vampire, elle lui planta la lame en plein coeur de la poitrine, là où les côtés se séparent. D'après ce qu'elle avait remarqué des victimes qu'elle torturait, la douleur était exactement la même que dans la réalité. Et elle savait qu'il l'endurerait. Néanmoins, elle voulait jouer et voir le sang teindre sa chemise lui apportait une réelle satisfaction qui faisait naître sur ses lèvres un léger sourire ressemblant à ce qui chez elle, s'apparentait le plus à un sourire heureux. Le poignarder, même dans un rêve, avait quelque chose de libérateur. Fixant toujours la lame enfoncée dans la poitrine, elle tourna doucement le manche du couteau, admirant ce spectacle captivant pour simplement demander :

" Que ressens-tu ? "

La question était posée avec une délicatesse rappelant la plus grande des Lady et cela créait un parallèle des plus étranges. Dans la catégorie psychopathe : la première nominée est Aleksandra Volynsky.^^ Après avoir terminé de faire un tour complet avec le couteau, elle le fit descendre paresseusement jusqu'au nombril (ça va je suis gentille mdrr) pour finalement le retirer tandis que comme s'il avait eu le don de régénération cellulaire, la blessure était oubliée. Elle retrouva alors seulement son regard pour reprendre avec un léger sourire un peu rêveur, si bien qu'il était dur de savoir si c'était à elle-même ou bien à lui qu'elle s'adressait :

" Non, tu ne me diras rien sur toi... alors à ton avis, qu'est-ce que moi je ressens ? "

Aleksandra fut assez surprise par la justesse de sa réponse. Satisfaction, frustration : c'était en effet les deux sentiments dominants. La satisfaction de voir son sang couler mais ce bonheur resté incomplet car ce n'était qu'une illusion et qu'en plus, il semblait aimer cela. Les autres hurlaient de douleur, c'était bien plus amusant ! Mais pas lui... pourquoi ? Elle voulait qu'il hurle ! Elle ne voulait en aucun cas lui offrir ce plaisir malsain qu'il tirait d'une lame s'enfonçant dans sa chaire. Quant à la comparaison que sa remarque impliquait, elle s'en fichait. Elle avait atteint un tel degré de confiance en elle que rien n'aurait pû lui faire douter du fait qu'elle soit unique, parfaitement unique.

Et voilà qu'il malmenait son corps délicat ! Ce n'était pas le premier à tenter de se défendre et elle était assez déçue de sa réaction. Elle s'était attendue à ce qu'il comprenne plus vite que la moyenne mais apparemment non. Et bizarrement, cela lui apportait encore satisfaction et frustration ! Elle était satisfaite qu'il se trompe et se laisse perdre par les apparences tout en étant aussi frustrée qu'il n'ait pas été plus malin. Elle n'aurait su expliquer pourquoi et c'était cela qu'elle cherchait à comprendre chez Isaac Reagan. Pourquoi connaissait-elle une satisfaction et une frustration plus intense, pourquoi n'était-elle juste pas indifférente ?

" Eurk... Sanglant ! "

Aleksandra était maintenant - où peut-être l'était-elle déjà avant ? Peut-être les deux ? - assise sur le comptoir tout en balançant tranquillement ses jambes. Elle regardait l'autre Aleksandra qui reposait inanimée et ensanglantée sur la banquette, celle qu'Isaac avait tailladé comme une vulgaire poupée de chiffon. Après une courte seconde de contemplation, son sourire se dessina de nouveau sur ses lèvres comme si elle sortait d'une douce rêverie et elle regarda Isaac.

" Tu n'es pas un amateur du travail propre, je me trompe ? Mais aussi intéréssante que puisse être l'anatomie, elle ne permet pas de tout comprendre, Reagan. Triste manque de jugement... "

Ses yeux se tournèrent de nouveau vers le corps sans vie qui n'était plus le sien mais celui de Lindsay tandis qu'elle reprenait :

" Et tu te fiches éperdumment des personnes qui t'entourent, même celles qui semblent t'être les plus proches. Lindsay Grabeel... Kylian Porter... et peut-être même Noah Reagan. "

Tandis qu'elle parlait en regardant le corps, il prenait la forme des personnes qu'elle citait l'une après l'autre. Ayant envie de faire un nouvel essai, elle reprit simplement :

" Tu ne te préoccupes que de ta propre personne. "

Le corps ensanglanté prit finalement la forme d'Isaac et se réveilla finalement doucement, en reprenant difficilement conscience après avoir craché du sang. Elle s'amusait avec un sourire à contrôler ce corps, le montrant faible, tremblant, pleurant et même suppliant. Cet Isaac là, faible et meurtri attrapa le bras de l'autre qui souriait de la douleur, il le suppliait de lui accorder la grâce de l'achever d'une façon tellement douloureuse... tellement humaine ! Une vision d'Isaac aussi pathétique que celle d'un humain qui arracha à celle qui en était la créatrice un léger rire avant qu'elle ne regarde à nouveau le "vrai" Isaac.

" Qu'il est facile pour moi de combattre la frustration ! "

Aleksandra n'était en effet plus frustrée, elle avait réussi à susciter autre chose chez lui que de l'indifférence et de la satisfaction. Personne n'était sans faille et il semblait avoir la même qu'elle : le rejet, voire la crainte de la faiblesse. Quand le corps affaibli tomba en arrière, il tomba en cendres à l'instant même où il toucha le sol, Aleksandra s'en débarassant définitivement. Pour l'heure, elle avait un peu mieux cerné Isaac et elle s'en contentait, elle ne savait pas encore comment exploiter cette faille mais elle était persuadée qu'elle y arriverait. Il n'était pas le premier qu'elle rencontrait à avoir cette faille, bien que chez lui, cela semblait être l'unique. Ce fut pourquoi, quand il reporta les yeux sur elle pour lui adresser une nouvelle remarque acerbe, elle n'eut aucune réaction, se contentant de conserver son sourire secret. Elle avait gagné ce soir et elle s'en contenterait. Elle n'avait pas cherché à le faire souffrir, sûrement était-elle moins sadique que lui. Non ce qu'elle avait voulu faire, c'était de gagner et vu qu'elle avait l'intime conviction d'avoir marqué un point, rien n'aurait pû lui retirer cette idée de la tête. Elle cligna simplement des yeux et le fond sonore de la boîte reprit d'une façon qui apparaissait intense comparée au silence l'ayant précédé. Elle laissait finalement son esprit tranquille... elle ne voulait pas faire durer l'illusion. Elle restait toujours méfiante concernant Isaac et elle préfèrait ne pas apparaître vulnérable dans la réalité, juste après ce petit coup. Un autre jour peut-être...

Elle se trouvait de nouveau sur le tabouret, en train de le regarder exactement comme si rien ne s'était passé au moment où leurs regards s'étaient croisés. Tout comme dans son illusion, elle quitta le bar pour marcher vers Isaac mais plutôt que de s'asseoir à côté de lui, elle resta debout, s'arrêtant devant lui pour répondre :

" Et toi aussi vulnérable que le plus banal des hommes. Vous avez tous la même faille... Sur ce, je te souhaite une bonne soirée Reagan. "

Et, fait impossible, c'était comme si en sortant du bar, elle avait l'air encore plus fière que lorsqu'elle y était entrée, comme une ultime provocation pour montrer que si elle voulait, elle pouvait encore être plus détéstable. Ce soir, elle avait eu une information qu'elle ne revendrait pas mais qui étrangement, était loin d'être sans intérêt à ses yeux. Elle franchit les portes du Bronze pour se retrouver dans la petite ruelle, au coeur de la fraîcheur de la nuit qui n'avait aucune prise sur elle et elle commença à marcher en sachant déjà où allait dans le simple but de se divertir un peu. Et elle savait exactement de quelle façon...